La couleur

Ou plutôt "les couleurs". Parce qu'il y en avait qu'une, ça serait simple, mais il y en a plein. Remarque, je dis que ça serait simple, mais c'est même pas sûr, déjà rien que le vert, il y a de quoi faire.

 

Bon, alors les couleurs. A priori, vu que le jardin ça doit être bien rangé, on va pas les mélanger.

Ça, c'est la première méthode.

Les massifs monochromes.

Ça parait simple, on se dit, on va faire un massif blanc, un autre rouge, un autre bleu, etc...
Ben c'est pas si facile. J'ai essayé.
D'abord, il y a les tromperies.
Moi, j'ai voulu faire un massif noir. J'ai eu rien que des déceptions. Le sureau noir a fleuri blanc, les Helleborus niger, pareil (quand elles fleurissent). Les tulipes noires elles étaient ou bleues ou marrons, mais de toute façon vilaines.

Le blanc, c'était pas mieux. Parce qu'après tout, quand il y a pas d'oïdium, ben les feuilles elles sont vertes, en plus c'est salissant, on voit toutes les crottes de mouches.

Et finalement, avec cette technique, il y a des plantes que l'on ne sait pas où mettre ! Les feuillages panachés, les multicolores ? je les découpe ? Et les violets, je les range dans le rouge ou le bleu ? les oranges, dans le jaune ou le rouge ?

Donc ça va pas. L'étape suivante, ce sont :

Les associations de couleurs

On peut faire des choses simples : pour le 14 juillet, une plante bleu, une blanche, une rouge. Ça, ça marche.

Dessiner des arcs en ciel. C'est joli mais un peu compliqué si tout ne fleurit pas en même temps.

Donc, il reste les bouquins. J'en ai lu, plein. Je vais résumer.

Il y a deux écoles :
Le jardinier peintre, reconnaissable au pinceau deriière l'oreille et le jardinier musicien qui a une baguette dans la poche de poitrine.

Le premier il explique la lumière, les primaires, les complémentaires.
Le deuxième c'est plutôt la partition, le rythme, la mélodie.

Les deux font des accords, des harmonies, des gammes, des fausses notes. Ils ont des maîtres (c'est pas les mêmes), des écoles.

J'ai essayé les deux. A part les fausses notes, j'ai pas réussi grand chose.

Donc j'ai adopté :

La méthode à Neuneu

Je plante et je sème comme ça vient, dans l'ordre alphabétique ou bien quand il y a un trou. Et après, j'attends qu'un autre regarde le résultat.

Soit c'est un jardinier qui aime les plantes et généralement il dit rien. Juste il regarde, il touche, il sent.

Ou alors c'est un jardinier peintre.
Si ça lui plait il va trouver de ces trucs dans mes massifs que je n'aurais jamais imaginés !
Si ça ne lui plait pas, je lui explique. Le pointillisme, l'abstraction, les images positives,etc...

Pareil si c'est un jardinier musicien.
Sauf qu'à lui je lui fais des contrepoints, des silences évocateurs, voire carrément des instruments étrangers.

Quand vraiment il y a un truc pas croyable, là il y a le choix, soit je joue la modestie en disant "une fausse note, qui n'en fait pas", soit je revendique le génie créateur.

Bon c'est vrai, des fois il y en a qui se demandent si je ne me paie pas leur tête. Mais pas beaucoup finalement.